• REDUCTION DU DEFICIT D’ENERGIE au Cameroun : réorienter les initiatives sous le prisme des OMD

    NOTE POLITIQUE    

    Par Par Simone Toussi, Assistante Communication et Plaidoyer à Global Village Cameroon

    "Il suffirait simplement d’accorder de la primauté aux projets qui visent une exploitation du potentiel national en sources d’énergies propres, non rares et renouvelables, d’orienter les projets vers la mise en oeuvre des prescriptions du PANERP, en adoptant de mesures peu coûteuses, concrètes et accessibles en termes de technologie."

     

    Au Cameroun, l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le Développement coïncide avec l’ère des grandes réalisations. Alors que l’on est à moins de deux années de l’évaluation finale des OMD adoptés par l’Organisation des Nations Unies, le Cameroun est bien loin de présenter des progrès significatifs dans les différents domaines concernés, excepté celui de l’éducation, mais déjà le train des Grandes réalisations est en marche. Les échecs des OMD risquent fort de se reproduire avec les nouvelles politiques de développement si les initiatives ne sont pas mieux orientées.

    De la pauvreté aux Objectifs du Millénaire pour le Développement


    La pauvreté est, dans le sens de l’ONU, une insuffisance de ressources matérielles affectant la nourriture, l’accès à l'eau potable, les vêtements, le logement, ou les conditions de vie en général, mais également insuffisance de ressources intangibles telles que l’accès à l’éducation, la santé, le respect, etc. C’est cette conception globale qui a conduit à l’adoption des huit objectifs visant la réduction de cette pauvreté à horizon 2015. Il s’agit, pour l’ensemble des pays membres de l’ONU, de réduire l’extrême pauvreté et la faim, d’assurer l’éducation primaire pour tous, de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, de réduire la mortalité infantile, d’améliorer la santé maternelle, de combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies, d’assurer un environnement durable, et de mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

    L’atteinte de ces objectifs va être assurée par l’adoption d’un certain nombre de mesures prises d’abord à l’échelle mondiale, et ensuite adaptées à chaque pays selon ses réalités socio-économiques.

    L’une des mesures transversales pour tout ces objectifs est la révolution énergétique qui sous-entend à la fois la fourniture de l’énergie à moindre coût pour tous, l’abandon progressif des sources d’énergies polluantes pour l’adoption des sources d’énergies renouvelables à l’échelle d’une vie.

    Cette mesure permet non seulement de résorber le déficit énergétique et tendre vers la durabilité économique et sociale par l’exploitation de toutes les ressources disponibles, mais aussi de faire face aux incidences désastreuses des énergies conventionnelles sur l’environnement et l’équilibre des écosystèmes. Alliée au concept du Développement Durable qui fait la quintessence de l’objectif n° 7 du millénaire, cette mesure trouve tout son sens dans l’appellation « énergie durable pour tous », emblème de l’année 2012 pour l’ONU.


    Les énergies renouvelables sur la transition OMD et Vision 2035 du Cameroun


    Au Cameroun, depuis la crise énergétique des années 70, l’énergie reste l’une des choses les plus rares et plus que jamais nécessaires non seulement à l’assurance d’un niveau de vie acceptable pour les populations, mais également à l’atteinte des objectifs spécifiques du développement, étroitement liés à la vision d’un Cameroun émergent à l’horizon 2035. Même si les OMD sont loin d’être atteints d’ici 2015, ils demeurent un pilier pour l’orientation des initiatives du développement au Cameroun, ceci dans la mesure où les problèmes qui les ont suscité restent encore d’actualité, et persisteront tant que le cap ne sera pas franchi. Il s’avère dont urgent de s’inspirer des principales mesures prises à l’échelle mondiale dans l’atteinte des OMD, pour définir les nouveaux axes de la politique de développement au Cameroun.

    L’une de ces mesures citée plus haut relative au développement des énergies renouvelables, se veut d’autant plus pertinente que l’énergie occupe déjà une place importante dans le déploiement de la politique des grandes réalisations.

    Elle l’est davantage si l’on considère le rôle joué par l’énergie renouvelables dans la réalisation des objectifs relatifs à la santé, à l’accès à l’eau, l’éducation, la protection de l’environnement, l’emploi, pour ne citer que ceux là (Kamdem Kamdem, 2010). Par exemple, pour réduire l’extrême pauvreté et la faim, le Cameroun a opté pour l’accroissement de l’offre énergétique pour les besoins du machinisme agricole, ce qui augmente indubitablement les rendements tout en développant de nouveaux emplois. Pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’une des mesures prises vise à les libérer des corvées domestiques en réduisant le temps et le travail qu’implique la cuisson des aliments (98,7% des ménages pauvres utilisent le bois de chauffe comme seule énergie de cuisson) par des foyers améliorés.

    Assurer un environnement durable revient à réduire tant que faire se peut l’utilisation du bois comme principale source d’énergie, et se convertir aux sources d’énergie moins préjudiciables pour l’environnement.


    Politique énergétique camerounaise


    Le Plan d’action national énergie et de réduction de la pauvreté (PANERP) est le document qui renseigne le mieux sur les orientations du secteur énergétique camerounais dans la perspective des OMD. Ce document prévoit un ensemble d’objectifs qui, réalisés, devraient largement contribuer à l’atteinte des OMD, du moins en ce qui concerne la part de l’énergie. Mais loin de mener à terme les orientations du PANERP, le gouvernement a développé en parallèle une autre politique axée sur la construction de grands barrages hydroélectriques, les centrales thermiques et c’est cette dernière qui prime dans l’ordre des priorités. Il est vrai, ces projets se situent dans la vision de l’émergence du pays à l’horizon 2035, mais dans cette mouvance, les maux qui insufflent les OMD ne font pas silence pour autant, au contraire !

    Les problèmes d’accès à l’eau potable, de santé, d’éducation de qualité, pour ne citer que ceux là, ne cessent de s’intensifier ; ils n’attendront pas la fin de la construction des grands barrages pour se remettre sur le tapis. La ruée vers l’industrialisation ne devrait pas constituer un frein pour l’épanouissement des couches défavorisées et des entreprises à court terme.


    Repenser les initiatives dans la perspective des OMD


    À moins de repousser l’échéance des OMD jusqu’à l’émergence, le pays est bien loin de les atteindre, et cet échec risque de se reproduire avec la nouvelle vision si toujours rien n’est fait pour booster le secteur de l’énergie et s’en fixer des objectifs à une échéance plus courte. Il est donc plus que temps de repenser les initiatives, ce qui revient à considérer, dans la mesure du possible, les projets d’infrastructures énergie qui satisfont le mieux aux besoins du citoyen ordinaire.

    Il suffirait simplement d’accorder de la primauté aux projets qui visent une exploitation du potentiel national en sources d’énergies propres, non rares et renouvelables, d’orienter les projets vers la mise en oeuvre des prescriptions du PANERP, en adoptant de mesures peu coûteuses, concrètes et accessibles en termes de technologie.

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